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DE L’ÉDUCATION PHYSIQUE.


cependant les hommes s’y élèvent très-bien. Il semble donc que tout dépende de la santé de la nourrice, et que la meilleure nourriture soit celle avec laquelle elle se porte le mieux.

Ici se place la question de savoir ce que l’on choisira pour nourrir l’enfant lorsque le lait maternel aura cessé. On a essayé depuis quelque temps de toutes sortes de bouillies ; mais il n’est pas bon de donner à l’enfant des aliments de ce genre dès le début. Il faut surtout éviter de lui donner rien de piquant, comme du vin, des épices, du sel, etc. Il n’est pas d’ailleurs étonnant que les enfants montrent tant de goût pour ces sortes de choses. La raison en est qu’elles donnent à leurs sensations encore obtuses une excitation et une animation qui leur est agréable. Les enfants en Russie tiennent sans doute de leurs mères, qui aiment à boire de l’eau-de-vie, le même genre de goût, et l’on remarque que les Russes sont sains et forts. Certes ceux qui supportent ce régime doivent être d’une bonne constitution, mais aussi il en meurt beaucoup qui auraient pu vivre sans cela. En effet une excitation prématurée des nerfs entraîne beaucoup de désordres. Il faut même avoir bien soin de ne pas donner aux enfants des boissons ou des aliments trop chauds, car cela les affaiblit.

Il est à remarquer en outre qu’on ne doit pas tenir les enfants très-chaudement, car leur sang est déjà par lui-même beaucoup plus chaud que celui des adultes. La chaleur du sang chez les enfants est de 110° Farenheit, et le sang des adultes n’a que 90°. L’enfant étouffe dans une atmosphere où de plus âgés se trouvent très-bien. Les habitations fraîches rendent en général les hommes forts. Il n’est même pas bon pour les adultes de s’habiller trop chaudement, de se couvrir, de s’habituer à des boissons trop chaudes. Aussi faut-il donner aux enfants une couche fraîche et dure. Les bains froids aussi sont bons. On ne doit employer aucun excitant pour faire naître l’appétit chez l’enfant ; il faut au contraire que l’appétit soit toujours l’effet de l’activité et de l’occupation. Il ne faut pas laisser prendre aux enfants des habitudes qui deviennent ensuite des besoins. Même dans ce qui est bien, n’employez pas votre art à leur faire de tout une habitude.

Les peuples barbares ne connaissent pas l’usage des maillots. Les sauvages de l’Amérique, par exemple, creusent pour