causés par un état de maladie. On croyait autrefois que le premier lait que donne la mère après l’enfantement et qui ressemble à du petit-lait est nuisible à l’enfant, et que la mère doit d’abord s’en débarrasser avant de songer à nourrir son enfant. Mais Rousseau appela le premier l’attention de la médecine sur la question de savoir si ce premier lait ne serait pas bon aussi pour l’enfant, puisque la nature n’a rien fait en vain. Et l’on a réellement trouvé que ce lait chasse on ne saurait mieux les ordures que contient le corps du nouveau-né, ou ce que les médecins appelent le méconium, et qu’il est ainsi très-bon pour les enfants.
On a élevé la question de savoir si l’on peut nourrir également les enfants avec du lait d’animal. Le lait de tous les animaux herbivores ou vivant de végétaux se caille très-vite quand on y ajoute quelque acide, par exemple de l’acide tartrique ou de l’acide citrique, ou particulièrement la présure de la caillette de veau[1]. Or, lorsque la mère ou la nourrice s’est nourrie pendant plusieurs jours de végétaux exclusivement, son lait se caille aussi bien que le lait de vache, etc. ; mais, si elle se remet à manger de la viande pendant quelque temps, il redevient aussi bon qu’auparavant. On en a conclu que ce qui convenait le mieux à l’enfant, c’était que la mère ou la nourrice mangeassent de la viande pendant le temps qu’elles nourrissent. Quand les enfants rendent le lait qu’ils ont sucé, on voit qu’il est caillé. L’acide contenu dans leur estomac doit donc faire cailler le lait plus encore que tous les autres, puisque autrement le lait de la femme n’aurait nullement la propriété de se cailler. Combien donc ne serait-il pas plus contraire à leur santé de leur donner du lait qui se caillât déjà par lui-même ! Mais on voit par les autres nations que tout ne dépend pas de là. Les Tongouses, par exemple, ne mangent guère que de la viande, et ce sont des gens forts et sains. Mais aussi tous les peuples de ce genre ne vivent pas longtemps, et l’on peut soulever sans beaucoup de peine un grand jeune homme qu’on ne croirait pas léger à le voir. Les Suédois, au contraire, mais particulièrement les nations des Indes ne mangent presque pas de viande, et
- ↑ En allemand Lab ou Laff.