des exceptions pour certains cas extrêmes 1[1]. Il lui attribue le mérite d’avoir le premier attirer l’attention de la médecine sur la question de savoir si le premier lait ne serait pas bon aussi pour les enfants ; mais sur celle de la nourriture qui convient le mieux à la nourrice, si ce sont les légumes ou la viande, il est moins affirmatif. » Il semble, dit-il 2[2], que tout dépende de la santé de la nourrice, et que la meilleure nourriture soit celle avec laquelle elle se porte le mieux. « Comme Rousseau, il blâme tous ces excès de précaution qui ont pour effet d’affaiblir et d’efféminer les enfants, les chauds vêtements, les boissons chaudes, etc., et il recommande les bains froids. Comme lui, il s’élève contre l’usage des maillots, et l’on retrouve jusque dans ses expressions le souvenir de l’Émile 3[3]. Buffon et d’autres avaient, avant Rousseau, exposé les mêmes idées ; mais ce dernier trouva le secret de les répandre et de les imposer. « Oui, disait Buffon lui-même, nous avons dit tout cela ; mais M. Rousseau seul le commande et se fait obéir. » Kant se prononce aussi contre l’usage des lisières et des roulettes 4[4], et en ceci encore il ne fait que suivre Rousseau. « Émile, avait dit celui-ci, n’aura ni bourrelets, ni paniers roulants, ni chariots, ni lisières. » Le philosophe allemand, comme le philosophe français, s’étonne qu’on veuille apprendre à marcher aux enfants, comme si l’homme ne pouvait marcher sans instruction ; et il demande qu’on les laisse se traîner par terre jusqu’à ce que peu à peu ils s’habituent à marcher par eux-mêmes. On craint qu’ils ne tombent : « Tant mieux, dit Rousseau, ils en apprendront plutôt à se relever ; » — « il η’γ a pas de mal, dit Kant, ils n’en apprendront que mieux à garder l’équilibre et à s’arranger de façon à rendre leur chute moins dangereuse. »
En général Kant, d’accord en cela avec l’auteur de l’Émile, blâme dans l’éducation l’emploi des moyens artificiels, là où Dieu nous en a donné de naturels ; il veut que les enfants
- ↑ 1 P. 203.
- ↑ 2 P. 205.
- ↑ 3 « Ils crient du mal que vous leur faites, disait Rousseau ; ainsi garottés, vous crieriez plus fort qu’eux » — « Que l’on enveloppe ainsi un homme fait, dit Kant, et l’on verra s’il ne crie pas aussi et s’il ne tombe pas aussi dans le chagrin et dans le désespoir. »
- ↑ 4 P. 208.