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CRITIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE




§. LXXVI.


De la propriété de l’entendement humain par laquelle le concept d’une fin de la nature est possible pour nous.


Nous avons indiqué dans la remarque précédente les propriétés de notre faculté de connaître (supérieure), que nous sommes enclins à transporter aux choses mêmes comme des prédicats objectifs ; mais elles ne concernent que des idées auxquelles on ne peut trouver dans l’expérience d’objets correspondant, et qui ne peuvent servir que de principes régulateurs dans les recherches empiriques. Il en est du concept d’une fin de la nature comme de ce qui concerne la cause de la possibilité de cette sorte de prédicats, laquelle ne peut reposer que dans l’idée ; mais l’effet conforme à cette idée (la production même) est cependant donné dans la nature, et le concept d’une causalité de la nature, considérée comme un être agissant d’après des fins, semble faire de l’idée d’une fin de la nature, un principe constitutif de cette fin ; et par là cette idée se distingue de toutes les autres idées.

Ce caractère distinctif consiste en ce que l’idée conçue n’est pas un principe rationnel pour l’entendement, mais pour le Jugement, et n’est, par