et il n’invoque que l’unité du sujet auquel elles sont inhérentes. Mais, quand on lui accorderait que les êtres du monde existent de cette manière, cette unité ontologique ne serait pas pour cela une unité de fins, et ne nous ferait nullement comprendre celle-ci. Cette dernière est en effet une espèce toute particulière d’unité, qui ne résulte pas de la liaison des choses (des êtres du monde) dans une seule substance (l’Être suprême), mais qui implique un rapport à une cause intelligente, en sorte que, même en unissant toutes ces choses en une substance simple, on n’aurait pas pour cela une relation finale, à moins de concevoir d’abord ces choses comme des effets intérieurs de cette substance, en tant que cause, et ensuite cette cause même comme une cause intelligente. Sans ces conditions formelles, toute unité n’est qu’une simple nécessité naturelle ; et, attribuée aux choses que nous nous représentons comme extérieures les unes aux autres, une aveugle nécessité. Que si on veut appeler finalité de la nature cette perfection transcendentale des choses (considérées dans leur essence propre) dont parle l’École, et par laquelle on désigne que chaque chose a en elle-même tout ce qui lui est nécessaire pour être telle chose, et non pas telle autre, c’est prendre puérilement des mots pour des idées. Car, s’il faut concevoir, toutes les choses comme des fins, et si par conséquent, être une chose et être
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DIALECTIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE