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CRITIQUE DU JUGEMENT.


d’une finalité réelle (objective) : nous jugeons la première par le goût (esthétiquement, au moyen du sentiment du plaisir), la seconde, par l’entendement et la raison (logiquement, suivant des concepts).

Là est le fondement de la division de la critique du Jugement en critique du Jugement esthétique et critique du Jugement téléologique : il s’agit, d’un côté, de la faculté de juger la finalité formelle (appelée aussi subjective) par le sentiment du plaisir ou de la peine ; de l’autre, de celle de juger la finalité réelle (objective) de la nature par l’entendement et la raison.

La partie de la critique du Jugement, qui contient le Jugement esthétique, en est une partie essentielle ; car elle seule renferme un principe sur lequel le Jugement fonde tout à fait a priori sa réflexion sur la nature ; à savoir le principe d’une finalité formelle de la nature, dans ses lois particulières (empiriques), pour notre faculté de connaître, d’une finalité sans laquelle l’entendement ne pourrait se retrouver. Là, au contraire, où aucun principe ne peut être donné a priori, où il n’est pas même possible de tirer un tel principe du concept d’une nature considérée comme objet de l’expérience en général aussi bien qu’en particulier, il est clair qu’il doit y avoir des fins objectives de la nature, c’est-à-dire des choses qui ne sont possibles