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CRITIQUE DU JUGEMENT.


en général, peuvent être causes selon une infinité de manières diverses, et chacune de ces manières (d’après le concept d’une cause en général) doit avoir une règle qui porte le caractère de loi, et par conséquent celui de nécessité, quoique la nature et les limites de nos facultés de connaître ne nous permettent pas d’apercevoir cette nécessité. Quand donc nous considérons la nature dans ses lois empiriques, nous y concevons comme possible une infinie variété de lois empiriques qui sont contingentes à nos yeux (ne peuvent être connues a priori), et ces lois, nous les rattachons à une unité que nous regardons aussi comme contingente, c’est-à-dire à l’unité possible de l’expérience (comme système de lois empiriques). Or, d’une part, il faut nécessairement supposer et admettre cette unité, et, d’autre part, il est impossible de trouver dans les connaissances empiriques un parfait enchaînement qui permette d’en former un tout d’expérience, car les lois générales de la nature nous montrent bien cet enchaînement, quand on considère les choses généralement, comme choses de la nature en général, mais non quand on les considère spécifiquement, comme êtres particuliers de la nature. Le Jugement doit donc admettre pour son propre usage, comme un principe a priori, que ce qui est contingent au regard de notre esprit dans les lois particulières (empiriques) de la nature contient une