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pas encore suffisamment claire dans toutes ses parties, alors apparaissent trois idées : premièrement l’idée du supra-sensible en général, sans autre détermination que celle de substratum de la nature ; secondement l’idée du supra-sensible comme principe de la finalité subjective de la nature pour notre faculté de connaître ; troisièmement l’idée du suprasensible comme principe des fins de la liberté et de l’accord de la liberté avec ses fins dans le monde moral.


§. LVII.


De l’idéalisme de la finalité de la nature considérée comme art et comme principe unique du Jugement esthétique.


On peut d’abord chercher à expliquer le goût de deux manières : ou bien on dira qu’il juge toujours d’après des motifs empiriques, et par conséquent d’après des motifs qui ne peuvent être donnés qu’a posteriori par les sens, ou bien on accordera qu’il juge d’après un principe a priori. La première de ces deux opinions serait l’empirisme de la critique du goût, la seconde en serait le rationalisme. D’après la première, l’objet de notre satisfaction ne se distinguerait pas de l’agréable ; d’après la seconde, si le jugement reposait sur des concepts déterminés, il se confondrait avec le bien ; et ainsi toute beauté serait bannie du monde ; il ne resterait plus à la place qu’un nom particu-