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Mais cette proposition est le contraire de la première. Car là où il est permis de contester, on peut espérer de tomber d’accord ; par conséquent il faut qu’on puisse compter sur des principes de jugement qui n’aient pas seulement une valeur particulière, et qui, par conséquent, ne soient pas seulement subjectifs ; et c’est précisément ce que nie cette proposition : chacun a son goût.

Le principe du goût donne donc lieu à l’antinomie suivante :

  1. Thèse. Le jugement de goût ne se fonde pas sur des concepts ; car sinon on pourrait disputer sur ce jugement (décider par des preuves).
  2. Antithèse. Le jugement de goût se fonde sur des concepts ; car sinon on ne pourrait y rien contester, quelle que fût la diversité de cette espèce de jugements (c’est-à-dire qu’on ne pourrait attribuer à ce jugement aucun droit à l’assentiment universel).


§. LVI.


Solution de l’antinomie du goût.


Il n’y a qu’un moyen de lever la contradiction de ces principes que suppose tout jugement de goût (et qui ne sont autre chose que les deux propriétés du jugement de goût exposées plus haut