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des saillies, lequel par la beauté qu’il nous y découvre, ne sert ici que comme d’un véhicule nécessaire, mais un développement favorable de la vie du corps, l’affection qui remue les entrailles et le diaphragme, d’un seul mot, le sentiment de la santé (qu’on ne sent pas sans une pareille occasion) qui constitue la jouissance qu’on y trouve, en sorte qu’on peut aller au corps par l’âme et faire de celle-ci le médecin de celui-là.

Dans la musique ce jeu va de la sensation du corps aux idées esthétiques (des objets de nos affections), et il revient ensuite de celles-ci au corps, mais avec une force double. Dans la plaisanterie (qui, comme la musique, mérite plutôt d’être rangée parmi les arts agréables que parmi les beaux-arts), le jeu débute par des pensées qui toutes occupent aussi le corps, en tant qu’elles sont exprimées d’une manière sensible, et comme l’entendement s’arrête tout à coup dans cette exhibition où il ne trouve pas ce qu’il attendait, nous sentons l’effet de cette interruption qui se manifeste dans le corps par l’oscillation des organes, en renouvelle ainsi l’équilibre, et a sur la santé une influence favorable.

Dans tout ce qui est capable d’exciter de vifs éclats de rire, il doit y avoir quelque chose d’absurde (en quoi par conséquent l’entendement ne