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que intérêt, mais qui cependant anime l’esprit. Toutes nos réunions montrent combien on trouve de jouissance dans les jeux, sans pourtant s’y proposer aucun but intéressé ; car sans jeu presque aucune ne pourrait se soutenir. Mais les affections de l’espérance, de la crainte, de la joie, de la colère, de la raillerie y sont en jeu, se succédant alternativement, et montrant tant de vivacité que toute l’action de la vie du corps semble excitée par un mouvement intérieur ; c’est ce que prouve cette vivacité d’esprit qu’excite le jeu, quoiqu’on n’y gagne ou qu’on n’y apprenne rien. Mais comme le beau n’entre pour rien dans les jeux de hasard, nous devons les laisser ici de côté. La musique et les choses qui excitent le rire sont deux espèces de jeux d’idées esthétiques, ou même de représentations intellectuelles qui en définitive ne nous fournissent aucune pensée et qui ne peuvent nous causer une vive jouissance que par leur changement : par où nous voyons assez clairement que l’animation dans ces deux cas est purement corporelle, quoiqu’elle soit provoquée par des idées de l’esprit, et que le sentiment de la santé, excité par un mouvement des entrailles correspondant au jeu de l’esprit, constitue la jouissance, regardée comme si délicate et si spirituelle, d’une société où règne la gaieté. Ce n’est pas le jugement de l’harmonie dans les tons, ou