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(et non dans de simples représentations de l’imagination excitées par des mots) représentent ou la réalité sensible ou l'apparence sensible. C’est d’un côté la plastique, de l’autre la peinture. Toutes deux forment des figures dans l’espace pour exprimer des idées ; mais les figures de la plastique sont perceptibles pour deux sens, la vue et le tact (quoique, relativement à ce dernier, elle n’ait pas pour but la beauté), celles de la peinture ne le sont que pour la vue. Toutes deux ont pour principe dans l’imagination une idée esthétique (un archétype, un modèle), mais la figure qui constitue l’expression de cette idée (l'ectype, la copie) est donnée ou bien dans son extension corporelle (comme est l’objet lui-même), ou bien suivant l’image qui s’en forme dans l'œil (suivant son apparence en superficie) ; et, dans le premier cas, on peut avoir en vue et donner pour condition à la réflexion ou un but réel ou seulement l’apparence d’un semblable but.

La plastique, ou la première espèce de beaux-arts figuratifs, comprend la sculpture et l'architecture. La première représente dans une exhibition corporelle des concepts de choses qui pourraient exister dans la nature (mais en ayant en vue, comme appartenant aux beaux-arts, la finalité esthétique) ; la seconde donne une semblable exhibition à des concepts de choses qui ne sont possibles que par l’art, et dont la forme n’a pas son principe dans la nature,