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§ LI.

De la division des beaux-arts.

On peut en général appeler la beauté (celle de la nature ou celle de l’art) l'expression d’idées esthétiques : il y a seulement cette distinction à faire que, dans les beaux-arts, l’idée esthétique doit être occasionnée par un concept de l’objet, tandis que, dans la beauté de la nature, la simple réflexion que nous faisons sur une intuition donnée, sans aucun concept de ce que doit être l’objet, suffit à exciter et à communiquer l’idée dont cet objet est considéré comme l'expression.

Si donc nous voulons diviser les beaux-arts, nous ne pouvons choisir, du moins comme essai, un principe plus commode que l’analogie de l’art avec l’espèce d’expression dont les hommes se servent en parlant pour se communiquer, aussi parfaitement que possible, non-seulement leurs concepts, mais aussi leurs sensations[1].

Ce genre d’expression consiste dans le mot, le geste et le ton (articulation, gesticulation et modulation). La réunion seule de ces trois espèces

  1. Le lecteur ne doit pas prendre cette esquisse d’une division des beaux-arts pour une théorie. Ce n’est qu’un de ces nombreux essais qu’il est permis et bon de tenter.