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Les facultés de l’esprit dont l’union (en un certain rapport) constitue le génie, sont donc l’imagination et l’entendement. Mais, tandis que l’imagination, appliquée à la connaissance, subit la contrainte de l’entendement et est soumise à la condition de s’approprier au concept qu’il fournit, au point de vue esthétique au contraire, elle est libre. Aussi outre son accord avec un concept, fournit-elle spontanément à l’entendement une matière riche et non développée, à laquelle celui-ci ne songeait point dans son concept, mais qu’il emploie moins objectivement, en vue de la connaissance, que subjectivement, parce qu’elle anime les facultés de connaître, et que, par conséquent, il applique aussi, mais indirectement, à des connaissances. D’où il suit que le génie consiste proprement dans un heureux rapport de l’imagination et de l’entendement, qu’aucune science ne peut nous enseigner, aucun travail nous apprendre, par lequel nous associons des idées à un concept donné, et trouvons d’un autre côté l'expression propre à communiquer à d’autres la disposition d’esprit qui en résulte et qui est comme l’accompagnement de ce concept. C’est à ce dernier talent qu’on donne proprement le nom d’âme ; car, pour exprimer ce qu’il y a d’inexprimable dans la disposition d’esprit où nous met une certaine représentation, et le rendre propre à être universellement partagé, que