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bles, le royaume des bienheureux, le royaume de l’enfer, l’éternité, la création, etc. ; ou bien encore, prenant des choses dont l’expérience lui donne des exemples, comme la mort, l’envie et tous les vices, l’amour, la gloire, etc., et les transportant en deçà de l’expérience, son imagination qui rivalise avec la raison dans la poursuite d’un maximum, les représente aux sens avec une perfection dont la nature n’offre pas d’exemple. C’est même véritablement dans la poésie que la faculté des idées esthétiques peut révéler toute sa puissance. Mais cette faculté considérée en elle-même n’est proprement qu’un talent (de l’imagination).

Que si on place sous un concept une représentation de l’imagination, qui rentre dans l’exhibition de ce concept, mais qui par elle-même éveille la pensée, sans pouvoir être ramenée à un concept déterminé, et étende ainsi esthétiquement le concept même d’une manière indéterminée, l’imagination est alors créatrice et elle met en mouvement la faculté des idées intellectuelles (la raison), de manière à étendre la pensée, formée à l’occasion d’une représentation (ce qui est, il est vrai, le propre du concept de l’objet), bien au-delà de ce qu’on y peut saisir et discerner clairement.

Ces formes, qui ne constituent pas l’exhibition d’un concept donné, mais qui expriment seulement, en tant que représentations secondaires de l’imagi-