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ne peut être réduite en formule et servir de précepte, car, autrement, le jugement sur le beau pourrait être déterminé d’après des concepts ; mais il faut l’abstraire de l’effet, c’est-à-dire de la production, sur laquelle d’autres peuvent essayer leur propre talent, en s’en servant comme d’un modèle à imiter et non à copier. Comment cela est-il possible ? Il est difficile de l’expliquer. Les idées de l’artiste excitent des idées semblables dans son élève, si la nature l’a doué des mêmes facultés dans la même proportion. Les modèles des beaux-arts sont donc les seuls moyens qui puissent transmettre l’art à la postérité ; de simples descriptions ne pourraient avoir le même résultat, surtout relativement aux arts de la parole, et dans cette espèce d’arts, on ne tient pour classiques que les modèles puisés dans les langues anciennes et devenues des langues savantes.

Quoiqu’il y ait une grande différence entre les arts mécaniques et les beaux-arts, les premiers n’exigeant pas autre chose que de l’application et de l’étude, les autres demandant du génie, tous les beaux-arts sans exception renferment quelque chose de mécanique qu’on peut comprendre et suivre au moyen des règles, et supposent par conséquent, comme condition essentielle, quelque chose qui tient de l’école. Car on s’y propose un but, sinon il n’y aurait plus production de l’art, mais pur