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à cette espèce d’arts celui du service de la table, ou même la musique dont on accompagne les grands repas, qui n’a d’autre but que d’entretenir les esprits par des sons agréables sur le ton de la gaieté, et qui permet aux voisins de converser librement entre eux, sans que personne fasse la moindre attention à la composition de cette musique). Rangeons aussi dans la même classe tous les jeux qui n’offrent pas d’autre intérêt que de faire passer le temps.

Les beaux-arts au contraire sont des espèces de représentations qui ont leur fin en elles-mêmes, et qui, sans autre but, favorisent pourtant la culture des facultés de l’esprit dans leur rapport avec la vie sociale.

La propriété qu’a un plaisir de pouvoir être universellement partagé suppose que ce plaisir n’est pas un plaisir de jouissance, dérivé de la pure sensation, mais de réflexion ; et ainsi les arts esthétiques, en tant que beaux-arts, ont pour règle le jugement réfléchissant et non la sensation.

§. XLV.

Les Beaux-Arts doivent faire l’effet de la nature.

Devant une production des beaux-arts il faut que nous ayons la conscience que c’est une production de l’art et non de la nature, mais il faut aussi que