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thétique, c’est-à-dire une faculté de juger des formes sans concepts, et de trouver dans le seul jugement que nous en portons une satisfaction dont nous faisons en même temps une règle pour chacun, sans que ce jugement se fonde mt un intérêt ni en produise aucun. — D’un autre côté, nous avons aussi une faculté de juger intellectuelle, qui détermine pour les simples formes des maximes pratiques (en tant qu’elles sont propres à fonder par elles-mêmes une législation universelle) une satisfaction a priori, dont nous faisons une loi pour chacun, et qui ne se fonde sur aucun intérêt, mais en produit un. Le plaisir est, dans le premier jugement, celui du goût ; dans le second, celui du sentiment moral.

Mais la raison intéresse aussi par cela même que les idées (pour lesquelles elle produit dans le sentiment moral un intérêt immédiat) ont aussi une réalité objective, c’est-à-dire par cela que la nature révèle, par quelque trace au moins ou par quelque signe, un principe qui nous autorise à admettre une concordance régulière entre ses productions et la satisfaction que nous sommes capables d’éprouver indépendamment de tout intérêt (et que nous reconnaissons a priori comme une loi pour chacun, sans pouvoir la fonder sur des preuves). La raison doit donc prendre un intérêt à toute manifestation de la nature qui réa-