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gislation. Tout ce qu’on peut dire de l’intérêt empirique qui .s’ attache aux objets du goût et au goût lui-même, c’est que, comme le goût sert l’inclination, quelque cultivée qu'elle soit, cet intérêt peut se confondre avec toutes les inclinations et toutes les passions dont le développement trouve dans la société toute la variété dont elles sont capables et atteint son plus haut degré, et que l’intérêt du beau, quand il n’a pas d’autre principe, ne peut fournir qu’un passage douteux de l’agréable au bien. Mais ne peut-on pas, en considérant le goût dans sa pureté, y trouver ce passage ; c’est ce qu’il convient de rechercher.

§. XLII.

De l’intérêt intellectuel du beau.

Il faut rendre hommage aux excellentes intentions de ceux qui, voulant rapporter à la fin dernière de l’humanité, c’est-à-dire au bien moral, toutes les occupations auxquelles les hommes sont poussés par les dispositions intérieures de leur nature, ont regardé comme un signe d’un bon caractère moral de prendre un intérêt au beau en général. Mais d’autres leur ont opposé, non sans raison, l’exemple des virtuoses du goût, qui sont ordinairement vains, fantasques, livrés aux passions dé-