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§. XXXVII.

Ce qu’on affirme proprement a priori dans un jugement de goût sur un objet.

L’union immédiate de la représentation d’un objet avec un plaisir ne peut être perçue qu’intérieurement, et, si l’on ne voulait pas indiquer autre chose que cela, on n’aurait ainsi qu’un jugement empirique. Il n’y a pas, en effet, de représentation à laquelle je puisse lier a priori un sentiment (de plaisir ou de peine), si ce n’est celle qui repose a priori sur un principe rationnel déterminant la volonté. Ici le plaisir (le sentiment moral) est une conséquence du principe, mais on ne peut le comparer au plaisir du goût, puisqu’il suppose le concept déterminé d’une loi, tandis que celui-ci doit être lié immédiatement, antérieurement à tout concept, au simple jugement du goût. Aussi tous les jugements de goût sont-ils des jugements particuliers, car leur prédicat, qui consiste dans la satisfaction, n’est pas lié à un concept, mais à une représentation empirique particulière.

Ce n’est donc pas le plaisir, mais l’universalité de ce plaisir perçu comme lié dans l’esprit au simple jugement sur un objet, que nous nous représentons a priori dans un jugement de goût comme une règle universelle pour le Jugement. C’est par