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flexion du sujet sur son propre état (de plaisir ou de peine), abstraction faite de tout précepte et de toute règle.

Si donc tous les critiques peuvent et doivent raisonner, de manière à corriger ou à étendre nos jugements de goût, ce n’est pas pour exprimer dans une formule universellement applicable le motif de cette espèce de jugements esthétiques, car cela est impossible ; mais pour étudier les facultés de connaître et leurs fonctions dans ces jugements, et pour expliquer par des exemples cette finalité subjective réciproque de l’imagination et de l’entendement, dont la forme, dans une représentation donnée, constitue (comme nous l’avons montré) la beauté de l’objet de cette représentation. Ainsi la critique du goût n’est que subjective, relativement à la représentation par laquelle un objet nous est donné : c’est-à-dire qu’elle est l’art ou la science qui ramène à des règles le rapport réciproque de l’entendement et de l’imagination dans la représentation donnée (rapport indépendant de toute sensation ou de tout concept antérieur), et qui, par conséquent, détermine les conditions de la concordance ou de la discordance de ces deux facultés. Elle est un art, quand elle se borne à expliquer ce rapport et ces conditions par des exemples ; une science, quand elle dérive la possibilité de cette espèce de jugements de la nature de ces facultés en tant