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AVANT-PROPOS


mier, et le caractère même des sujets qu’il y traite, ici les principes de la morale et les sentiments, les idées qui s’y rattachent, là le beau et le sublime, les beaux-arts, les causes finales, etc., ce caractère donne parfois à son style une couleur moins sévère et moins dure. Cependant les mêmes défauts reparaissent et dominent. On comprend d’après cela combien doit être difficile une traduction littérale de ces ouvrages. Or toute autre traduction, une traduction qui retranche ou ajoute, résume ou paraphrase, ne rend pas l’auteur tel qu’il est, et ne peut tenir lieu du texte. D’un autre côté, une traduction littérale court grand risque d’être barbare, et de faire à chaque instant violence aux habitudes de notre langue et de notre esprit. Selon moi, le problème à résoudre serait de traduire Kant d’une manière qui, tout en reproduisant fidèlement le texte, en atténuerait un peu les défauts, c’est-à-dire y introduirait, sans le modifier, les qualités propres à notre langue. Une traduction qui remplirait ces deux conditions, ayant un double mérite, rendrait un double service à l’auteur. Voilà le problème que je me suis proposé, et j’en connais trop bien les difficultés pour me flatter de l’avoir résolu. J’espère du moins que mes efforts ne seront pas entièrement perdus. Si la langue française a la vertu de clarifier tout ce qu’elle rend ou traduit, cela doit surtout s’appli-