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la satisfaction qu’il renferme est liée à la forme de l’objet. Tels sont les jugements de goût sur le beau de la nature. Alors, en effet, la finalité a son principe dans l’objet, dans sa figure, quoiqu’elle ne détermine pas d’après des concepts (pour former un jugement de connaissance) le rapport de cet objet avec d’autres, mais qu’elle concerne d’une manière générale l’appréhension de sa forme, en tant que celle-ci se montre conforme dans l’esprit à la faculté des concepts, en même temps qu’à celle de l’exhibition de ces concepts (ou à la faculté d’appréhension, car c’est la même chose). On peut donc, relativement au beau de la nature, proposer encore diverses questions touchant la cause de cette finalité de ses formes : par exemple, comment expliquer pourquoi la nature a répandu partout la beauté avec tant de profusion, même dans le fond de l’océan, où l’œil humain (pour lequel seul cependant elle semble faite) ne pénètre que rarement ? et d’autres questions du même genre.

Mais le sublime de la nature — quand il est l’objet d’un pur jugement esthétique, c’est-à-dire d’un jugement qui ne renferme point des concepts de perfection ou de finalité objective, comme un jugement téléologique — peut être considéré comme informe ou sans figure, et en même temps comme l’objet d’une satisfaction pure, et indiquer une certaine finalité subjective dans la représenta-