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vait pas de principes a priori, il serait incapable d’apprécier les jugements des autres, et de les approuver ou de les blâmer avec quelque apparence de droit.

Ce qui nous reste à dire touchant l’analytique du Jugement esthétique forme la DÉDUCTION DES JUGEMENTS ESTHÉTIQUES PURS.[ndt 1]

§. XXX.
La déduction des jugements esthétiques sur les objets de la nature ne peut pas s’appliquer à ce que nous y nommons sublime, mais seulement au beau.

La prétention d’un jugement esthétique à l’universalité a besoin d’une déduction qui détermine le principe a priori sur lequel il doit reposer (c’est-à-dire qui légitime sa prétention), et il faut ajouter cette déduction à l’exposition de ce jugement, quand

  1. On a vu que Kant divise l’analytique du Jugement esthétique en deux livres intitulés, le premier : analytique du beau, le second : analytique du sublime. Or ici, dans le second livre, commence une nouvelle partie de l’analytique, la déduction des jugements esthétiques, que Kant distingue de l’exposition de ces jugements, et dont il exclut précisément le sublime. Tout ce qui suit, jusqu’à la dialectique, quoique compris dans le livre du sublime, roule sur des questions ou étrangères au sublime, ou qui ne le concernent pas particulièrement (comme celle de l’art}. On peut donc reprocher ici à Kant, ordinairement si méthodique, même dans la division matérielle de ses ouvrages, un défaut d’ordre, mais tout extérieur et qui n’atteint pas le fond. Je me borne à le signaler sans le corriger, et je conserve le titre du second livre jusqu’à la fin de l’analytique.
    J. B.