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ANALYTIQUE DU SUBLIME.

des choses qui ne vont guère avec ce qu’on peut regarder comme la beauté, et bien moins encore avec ce qu’on peut regarder comme la sublimité de l’esprit. Mais aussi les mouvements impétueux de l’esprit, soit qu’ayant pour but l’édification, ils se lient aux idées de la religion, soit que, se bornant à la culture de l’âme, ils se lient à des idées qui renferment un intérêt commun, ces mouvements, quelque essor qu’ils donnent à l’imagination, ne peuvent prétendre au rang du sublime, s’ils ne laissent après eux dans l’esprit une disposition qui ait une influence indirecte sur la conscience de ses forces et sur sa résolution relativement à ce qui renferme une finalité intellectuelle pure (le suprasensible). Car, sinon, tous ces mouvements se rapportent au genre d’émotion qu’on aime à cause de la santé. La langueur agréable, qui suit une secousse produite par le jeu des affections, est une jouissance du bien-être qui résulte du rétablissement de l’équilibre dans nos forces diverses. C’est, en définitive, quelque chose comme cette jouissance que les voluptueux de l’Orient trouvent si agréable, quand ils se font masser le corps, presser et plier doucement les muscles et les articulations ; seulement là le principe moteur est en grande partie en nous, tandis qu’ici au contraire il est toutà-fait hors de nous. Tel se croit édifié par un ser-