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ANALYTIQUE DU SUBLIME.

à un vêtement, à un certain genre de style, à un certain maintien du corps, et à d’autres choses de ce genre, quand elles excitent moins l'étonnement[1] (l’affection produite par la représentation d’une nouveauté qui surpasse notre attente) que l’admiration[2] (espèce d’étonnement qui ne cesse pas lorsque la nouveauté disparaît), ce qui arrive, lorsqu’on voit une exhibition d’idées s’accorder sans dessein et sans art avec la satisfaction esthétique. Toute affection du genre courageux[3] [à savoir celle qui excite .la conscience de nos forces à vaincre toute résistance (animi strenui)] est esthétiquement sublime, par exemple la colère, le désespoir même (j’entends celui où domine l'emportement et non la lâcheté). L’affection du genre languissant[4] [qui fait de l’effort de la résistance un objet de peine (animum languidum reddit)] n’a rien de noble en soi, mais peut se rapporter au beau du genre sensible. Les émotions qui peuvent s’élever jusqu’au rang d’affections sont donc très-différentes. Il y en a de vives, il y en a de tendres. Quand ces dernières montent jusqu’à l’affection, elles ne valent plus rien ; le penchant pour cette espèce d’affection s’appelle sensiblerie. La douleur qui vient de la

  1. Ferwunderung.
  2. Dewunderung.
  3. Von der wackern Art.
  4. Von der schmelzenden Art.