Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
ANALYTIQUE DU SUBLIME.


nous force à concevoir subjectivement la nature même dans sa totalité comme une exhibition de quelque chose de supra-sensible, quoique nous ne puissions pas arriver objectivement à cette exhibition.

En effet nous remarquons bientôt qu’à la nature considérée dans l’espace et dans le temps manque entièrement l’inconditionnel, par conséquent aussi l’absolue grandeur que réclame cependant la raison la plus vulgaire. C’est précisément par là que nous sommes avertis que la nature n’est pour nous qu’un phénomène, et que nous ne devons la considérer que comme la simple exhibition d’une nature en soi (dont la raison a l’idée). Or cette idée du supra-sensible, que nous ne déterminons pas davantage, en sorte que nous ne pouvons connaître mais seulement concevoir la nature comme son exhibition, cette idée est éveillée en nous par un objet tel que le jugement esthétique, qui s’y applique, porte l’imagination jusqu’aux dernières limites, soit de son extension (mathématiquement), soit de sa puissance sur l’esprit (dynamiquement), en se fondant sur le sentiment d’une destination de l’esprit qui dépasse tout-à-fait le domaine de l’imagination (sur le sentiment moral), et en trouvant à la représentation de l’objet une finalité subjective pour ce sentiment.

Dans le fait il est impossible de concevoir un