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CRITIQUE DU JUGEMENT ESTHÉTIQUE


n’est qu’en supposant cette idée en nous, et relativement à elle, que nous sommes capables d’arriver à l’idée de la sublimité de cet être qui ne produit pas seulement en nous un respect intérieur par la puissance qu’il révèle dans la nature, mais bien plutôt par le pouvoir qui est en nous de regarder celle-ci sans crainte, et de concevoir la supériorité de notre destination.


§. XXIX.


De la modalité du jugement sur le sublime de la nature.


Il y a dans la nature une infinité de choses belles pour lesquelles nous supposons et pouvons même attendre, sans nous tromper, un parfait accord entre le jugement d’autrui et le nôtre ; mais dans notre jugement sur le sublime de la nature, nous ne pouvons pas nous promettre aussi facilement l’assentiment d’autrui. En effet une culture beaucoup plus grande, non-seulement du Jugement esthétique, mais aussi des facultés de connaître qui en sont le principe, semble nécessaire pour qu’on puisse porter un jugement sur l’excellence des objets de la nature.

La disposition d’esprit qui convient au sentiment du sublime est une disposition particulière pour les idées, car c’est précisément dans la discon-