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CRITIQUE DU JUGEMENT ESTHÉTIQUE


en faire des concepts. Mais cette concordance des facultés de connaître a, suivant la diversité des objets donnés, des proportions différentes. Toutefois elle doit toujours être telle que l’activité harmonieuse des deux facultés (dont l’une provoque l’autre) soit le plus utile à ces deux facultés relativement à la connaissance en général (d’objets donnés), et cette harmonie ne peut être déterminée que par le sentiment (et non d’après des concepts). Or, comme elle doit pouvoir être universellement partagée, et par conséquent aussi le sentiment que nous en avons (dans une représentation donnée), et que la propriété qu’a un sentiment de pouvoir être universellement partagé suppose un sens commun, on aura raison d’admettre ce sens commun sans s’appuyer pour cela sur des observations psychologiques, mais comme la condition nécessaire de cette propriété qu’a notre connaissance de pouvoir être universellement partagée, et que doit supposer toute logique et tout principe de connaissance qui n’est pas sceptique.


§. XXII.


La nécessité du consentement universel, conçue dans un jugement de goût, est une nécessité subjective, qui est représentée comme objective sous la supposition d’un sens commun.


Dans tous les jugements par lesquels nous déclarons une chose belle, nous ne permettons à per-