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ANALYTIQUE DU BEAU


sible d’idées morales, gouvernant intérieurement l’homme, peut bien être tirée de la seule expérience ; mais pour que la présence de ces idées dans toutes les choses que notre raison rattache au bien moral ou à l’idée de la suprême finalité, pour que la bonté de l’âme, sa pureté, sa force ou sa tranquillité, etc., puissent devenir pour ainsi dire visibles dans une représentation corporelle (qui soit comme l’effet de l’intérieur), il faut que les idées pures de la raison et une grande puissance d’imagination s’unissent dans celui qui veut seulement en juger, et à plus forte raison dans celui qui veut en donner une exhibition. L’exactitude d’un pareil idéal de beauté se révèle à ce signe, qu’il ne permet pas aux attraits sensibles de se mêler à la satisfaction qu’il nous donne, et qu’il excite cependant un grand intérêt ; ce qui montre que le jugement qui se règle sur cette mesure ne peut jamais être purement esthétique et que le jugement porté d’après un idéal de beauté n’est pas un pur jugement de goût.


DÉFINITION DU BEAU


TIRÉE DE CE TROISIÈME MOMENT

La beauté est la forme de la finalité d’un objet, en tant qu’elle y est perçue sans représentation de fin[1].

  1. On pourrait objecter contre cette définition qu’il y a des choses dans lesquelles on voit une finalité sans y reconnaître une