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ANALYTIQUE DU BEAU


teurs ainsi que leurs largeurs (et leurs épaisseurs) et en divisant la somme par mille. Or, c’est ce que fait précisément l’imagination par un effet dynamique qui résulte de l’impression de toutes ces images sur l’organe du sens intérieur.) Si maintenant on cherche d’une manière semblable pour cet homme moyen la tête moyenne, pour celle-ci le nez moyen, etc., cette figure donnera l’idée normale du bel homme dans le pays où se fait la comparaison. C’est pourquoi un nègre aura nécessairement, sous ces conditions empiriques, une autre idée normale de la beauté de la forme qu’un blanc, un Chinois qu’un Européen. Il en serait de même du modèle d’un beau cheval ou d’un beau chien (d’une certaine race). — Cette idée normale n’est pas dérivée de proportions tirées de l’expérience, comme de règles déterminées ; mais c’est par cette idée même que les règles du jugement sont possibles. Elle est pour toute l’espèce l’image qui flotte entre toutes les intuitions particulières et diversement variées des individus, et que la nature a prise pour type de ses productions dans cette espèce, mais qu’elle ne paraît atteindre pleinement en aucun individu. Ce n’est pas tout le prototype de la beauté dans cette espèce, mais seulement la forme qui constitue la condition indispensable de toute beauté, par conséquent l’exactitude seulement dans l’exhibition de