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ANALYTIQUE DU BEAU


objet, mais comme faculté déterminant un jugement sur l’objet ou sur sa représentation ( sans concept), d’après le rapport de cette représentation avec le sujet et son sentiment intérieur, et de telle sorte que ce jugement soit possible suivant une règle générale.


§. XVI.


Le jugement de goût, par lequel un objet n’est déclaré beau qu’à la condition d’un concept déterminé, n’est pas pur.


Il y a deux espèces de beauté, la beauté libre (pulchritudo vaga), et la beauté simplement adhérente (pulchritudo adhœrens). La première ne suppose point un concept de ce que doit être l’objet, mais la seconde suppose un tel concept et la perfection de l’objet dans son rapport avec ce concept. Celle-là est la beauté (existant par elle-même) de telle ou telle chose ; celle-ci, supposant un concept (étant conditionnelle), est attribuée aux objets qui sont soumis au concept d’une fin particulière.

Les fleurs sont de libres beautés de la nature ; on ne sait pas aisément, à moins d’être botaniste, ce que c’est qu’une fleur ; et le botaniste lui-même, qui reconnaît dans la fleur l’organe de la fécondation de la plante, n’a point égard à cette fin de la nature, quand il porte sur la fleur un jugement de goût. Son jugement n’a donc pour principe aucune