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CRITIQUE DU JUGEMENT ESTHÉTIQUE


l’objet même, il faut, pour se représenter la finalité objective d’une chose, avoir préalablement le concept de cette chose ou de ce qu’elle doit être ; et l’accord de la diversité des éléments de cette chose avec ce concept (lequel donne la règle de leur union), et la perfection qualitative de la chose. Il ne faut pas confondre cette sorte de perfection avec la perfection quantitative, ou la perfection de chaque chose en son genre : celle-ci est un simple concept de quantité (de totalité), dans lequel, étant déterminé d’avance ce que doit être la chose, on recherche seulement si tout ce qui lui est nécessaire s’y trouve. Ce qu’il y a de formel dans la représentation d’une chose, c’est-à-dire l’accord de la diversité avec une unité (qui reste indéterminée), ne peut révéler par lui-même une finalité objective ; en effet, comme on ne considère pas cette unité comme fin (qu’on fait abstraction de ce que doit être la chose), il ne reste que la finalité subjective des représentations de l’esprit. Celle-ci nous fournit bien une certaine finalité de l’état du sujet dans la représentation, et dans cet état une certaine facilité à saisir par l’imagination une forme donnée, mais non la perfection de quelque objet, car ici aucun concept ne sert à concevoir l’objet de fin. Ainsi, par exemple, si je rencontre dans une forêt une pelouse entourée d’un cercle d’arbres, et que je ne m’y représente point la fin