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ANALYTIQUE DU BEAU


sans fin, est tout à fait indépendant de la représentation du bon, puisque celui-ci suppose une finalité objective, c’est-à-dire le rapport de l’objet à une fin déterminée.

La finalité objective est ou bien externe, et c’est alors l’utilité, ou interne, et c’est la perfection de l’objet. Il ressort suffisamment des deux précédents chapitres que la satisfaction qui fait appeler beau un objet ne peut reposer sur la représentation de l’utilité de cet objet : car alors ce ne serait plus une satisfaction immédiatement attachée à l’objet, ce qui est la condition essentielle du jugement sur la beauté. Mais la finalité objective externe, ou la perfection, se rapproche davantage du prédicat de la beauté, et c’est pourquoi de célèbres philosophes l’ont regardée comme identique avec la beauté, mais en y ajoutant cette condition, que l’esprit n’en eût qu’une conception confuse. Il est de la plus haute importance de décider, dans une critique du goût, si la beauté peut réellement se résoudre dans le concept de la perfection.

Pour juger la finalité objective, nous avons toujours besoin du concept d’une fin, et si cette finalité n’est pas externe (l’utilité) mais interne, du concept d’une fin interne, qui contienne le principe de la possibilité interne de l’objet. Or, comme cela seul est fin en général dont le concept peut être considéré comme le principe de la possibilité de