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ANALYTIQUE DU BEAU

Toute forme des objets des sens (des sens externes et médiatement aussi du sens interne) est ou figure ou jeu : dans le dernier cas, ou c’est un jeu de figures (dans l’espace : la mimique et la danse), ou c’est un simple jeu de sensations (dans le temps). L’attrait des couleurs ou celui des sons agréables d’un instrument peut bien s’y joindre, mais le dessin dans le premier cas et la composition dans le second constituent l’objet propre du pur jugement de goût. Dire que la pureté des couleurs ou des sons, ou que leur variété et leur choix paraissent contribuer à la beauté, cela ne signifie pas que ces choses ajoutent à la satisfaction qui s’attache à la forme, précisément parce qu’elles sont agréables en elles-mêmes et dans la même proportion, mais parce qu’elles nous montrent cette forme d’une manière plus exacte, plus déterminée et plus parfaite, et surtout parce qu’elles animent la représentation par leur attrait, en appelant et en soutenant l’attention sur l’objet même.

Les choses mêmes qu’on appelle ornements (πάρεργα), c’est-à-dire les choses qui ne font point partie essentielle de la représentation de l’objet, mais ne s’y rattachent qu’extérieurement comme additions, et augmentent la satisfaction du goût, ne produisent cet effet que par leur forme : ainsi les encadrements des peintures, les vêtements des statues, les péristyles des palais. Que si l’ornement