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CRITIQUE DU JUGEMENT ESTHÉTIQUE


nous attachons à la représentation de l’objet appelé beau.

Qu’il y ait un plaisir à voir partager l’état de son esprit, même relativement aux facultés de connaître, c’est ce qu’on pourrait aisément démontrer (empiriquement et psychologiquement) par le penchant naturel à l’homme pour la société. Mais cela ne suffirait pas pour notre but. Le plaisir que nous sentons dans le jugement de goût, nous l’exigeons de tous comme nécessaire, comme si, en appelant une chose belle, il s’agissait pour nous d’une qualité de l’objet, déterminée par des concepts, et pourtant la beauté n’est rien en soi et indépendamment de sa relation au sentiment du sujet. Mais il faut ajourner l’examen de cette question jusqu’à ce que nous ayons répondu à celle-ci : Peut-il y avoir des jugements esthétiques a priori, et comment sont-ils possibles ?

Nous avons à nous occuper maintenant d’une question plus facile ; il s’agit de savoir comment nous avons conscience dans le jugement de goût d’une harmonie subjective entre nos facultés de connaître, si c’est esthétiquement par le seul sens intime et la sensation, ou intellectuellement par la conscience de notre activité les mettant en jeu à dessein.

Si la représentation donnée qui occasionne le jugement de goût était un concept unissant l’en-