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ANALYTIQUE TRANSCENDAxMALE 155

tés, il faudra bien admettre aussi, au sujet du sens intime, qu’il ne nous permet de nous saisir nous-mêmes par intui- tion que comme nous sommes intérieurement all’ectés par nous-mêmes, c’est-à-dire qu’en ce qui concerne l’intuition intérieure, nous ne connaissons notre propre sujet que comme phénomène et non dans ce qu’il est en soi (1).

§25.

Au contraire, dans la synthèse transcendantale de la diversité des représentations en général, et par conséquent dans l’unité synthétique originaire de l’aperception, j’ai conscience de moi non pas tel que je m’apparais, ni tel que je suis en moi-même, mais j’ai seulement conscience que je suis. Cette représentation est une pensée, non une intuition. Mais comme la connaissance de nous-mêmes exige, outre l’acte de la pensée qui ramène les éléments divers de toute intuition possible à l’unité : de l’apercep- tion, un mode déterminé d’intuition par lequel sont donnés ces éléments divers, ma propre existence n’est pas sans doute un phénomène (encore moins une simple appa- rence), mais la détermination de mon existence (2) ne peut

1. Je ne vois pas comment on peut trouver tant de difllcultés a admettre que le sens intime est allecte par nous-mêmes. Tout acte d'attention peut nous en fournir un exemple. L’entendement y détermine toujours le sens intime conformément à la liaison qui ! pense, à l’intuition interne qui correspond à la diversité contenue dans la synthèse de l’entendement. Chacun peut observer on lui-même combien souvent l’esprit est affecté de cette façon.

2. Le : je pense exprime l’acte par lequel je détermine mon exis- tence. L’existence est donc déjà donnée par là, mais non la manière dont je dois déterminer cette existence, c’est-à-dire dont je dois poser en moi les éléments divers qui lui appartiennent. Il faut pour cela une intuition de soi-même, qui a pour fondement une forme donnée à priori, c’est-à-dire le temps, lequel est sensible et appar- tient à la réceptivité du sujet à déterminer. Si donc je n’ai pas en outre une autre intuition de moi-même qui donne ce qu’d y a en moi de déterminant, déterminant dont la conscience ne me fait connaître que la spontanéité, et qui la donne avant l'acte de la détermination. tout comme le temps donne ce qui est determinable, je ne puis déterminer mou existence comme celle d’un être spon-