Page:Kant - Critique de la raison pure, traduction Barni, Flammarion, 1900, tome 1.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée

140 CRITIQUE DE LA RAISON PURE

la vérité identique, et par conséquent il forme une pro- position analytique, mais il explique néanmoins la néces- sité de la synthèse donnée dans une intuition, puisque sans cette synthèse cette identité totale de la conscience de soi ne peut être conçue. En effet le moi, comme représentation simple, ne donne point de diversité d’élé- ments : celte diversité ne peut être donnée que dans l’in- tuition, qui est distincte de celte représentation, et elle ne peut être pensée qu’à la condition d’être liée en une conscience. Un entendement dans lequel tous les élé- ments divers seraient en même temps donnés par la conscience de soi serait intuitif ; le nôtre ne peut que penser, et il doit chercher dans les sens l’intuition. J’ai donc conscience d’un moi identique, par rapport à la diversité des représentations qui me sont données dans une intuition, puisque je les nomme toutes mes représen- tations et qu’elles n’en constituent qu’une seule. Or cela revient à dire que j’ai conscience d’une synthèse néces- saire à priori de ces représentations, et c’est là ce qui constitue l’unité synthétique originaire de l’aperception, à laquelle sont soumises toutes les représentations qui me sont données, mais à laquelle elles doivent être rame- nées par le moyen d’une synthèse.

§ 17.

Le principe de l'unité synthétique de l'aperception est le principe suprême de tout usage de l'entendement.

Le principe suprême de la possibilité de toute intuition, par rapport à la sensibilité, était, d’après l’esthétique transcendantale, que tous les éléments divers qu’elle con- tient fussent soumis aux conditions formelles de l’es- pace et du temps. Le principe suprême de cette même possibilité, par rapport à l’entendement, c’est que tous les éléments divers de l’intuition soient soumis aux con- ditions de l’unité originairement synthétique de l'aper-