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136 CRITIQUE DE LA RAISON PURE

corps dans Texpérience ne peut jamais être considérée autrement que comme sujet, et jamais comme simple prédicat. Il en est de même des autres catégories.

DEUXIEME SECTION *

§15. De la possibilité de la synthèse en général.

Les éléments divers des représentations peuvent être donnés dans une intuition qui est purement sensible, c’est-à-dire qui n’est rien que réceptivité, tandis que la forme de cette intuition peut résider à priori dans notre faculté de représentation, sans être autre chose cependant que la manière dont le sujet est affecté. Mais la liaison (conjunctio) d’une diversité d’éléments en général ne peut jamais nous venir des sens, et par conséquent elle ne jteut pas non plus être contenue dans la forme pure de l’intuition sensible. Elle est un acte de spontanéité de la faculté de représentation ; et, puisqu’il faut appeler cette spontanéité entendement, pour la distinguer de la sensi- bilité, toute liaison, que nous en ayons conscience ou non, qu’elle embrasse des éléments divers de l’intuition ou divers concepts, et que, dans le premier cas, l’intui- tion soit sensible ou non, toute liaison, dis-je, est un acte de l’entendement. Nous désignerons cet acte sous le nom commun de synthèse, afin de faire entendre par là que nous ne pouvons rien nous représenter comme lié dans l’objet sans l’avoir auparavant lié nous-mêmes [dans l’entendement], et que, de toutes les représentations, la liaison est la seule qui ne puisse nous être fournie par des objets, mais seulement par le sujet lui-même, parce qu’elle est un acte de sa spontanéité. Il est aisé de remar-

a. La rédacKon suivante de cette deuxième S^ection a, dans la deuxième édition do la Critique, remplacé une autre dont on trouvera la traduction en appendice. T. II,