périence et tire de l’habitude l’apparence de la nécessité. Il n’aurait jamais avancé une pareille assertion, qui détruit toute philosophie pure, s’il avait eu devant les yeux notre problème dans toute sa généralité ; car il aurait bien vu que, d’après son raisonnement, il ne pourrait y avoir non plus de mathématiques pures, puisqu’elles contiennent certainement des propositions synthétiques à priori, et son bon sens aurait reculé devant cette conséquence.
La solution du précédent problème suppose la possibilité d’un usage pur de la raison dans l’établissement et le développement de toutes les sciences qui contiennent une connaissance théorétique à priori de certains objets, c’est-à-dire qu’elle suppose elle-même une réponse à ces questions :
Comment les mathématiques pures sont-elles possibles ?
Comment la physique pure est-elle possible ?
Puisque ces sciences existent réellement, il est tout simple que l’on se demande comment elles sont possibles ; car il est prouvé par leur réalité même qu’elles doivent être possibles[1]. Mais pour la métaphysique, comme elle a toujours suivi jusqu’ici une voie détestable, et comme on ne peut dire qu’aucune des tentatives qui ont été faites jusqu’à présent pour atteindre son but essentiel ait réel-
- ↑ On mettra peut-être en doute la réalité de la physique pure ; mais pour peu que l’on fasse attention aux diverses propositions qui s’offrent au début de la physique proprement dite (de la physique empirique) comme le principe de la permanence de la même quantité de matière, ou celui de l’inertie, ou celui de l’égalité de l’action et de la réaction, etc., on se convaincra bientôt que ces propositions constituent une physica pura (ou rationalis), qui mériterait bien d’être exposée séparément, comme une science spéciale, dans toute son étendue, si large ou si étroite qu’elle soit.