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CRITIQUE DE LA RAISON PURE


qu’aucun juge compétent et impartial ait mal compris le reste. Je n’ai pas besoin de nommer avec les éloges qu’ils méritent ceux dont j’ai pris les avis en considération ; ils trouveront bien d’eux-mêmes les endroits que j’ai retouchés d’après leurs conseils. Mais les corrections que j’ai dû faire ont entraîné pour le lecteur un léger dommage, qu’il n’était pas possible d’éviter sans grossir démesurément le volume. Plus d’un lecteur, en effet, pourra bien regretter divers passages, qu’il a fallu ou supprimer ou raccourcir, pour faire place à une exposition maintenant plus claire, je l’espère du moins, et qui, sans se rattacher essentiellement à l’ensemble, pouvaient cependant avoir leur utilité à un autre point de vue. Quoique rien au fond n’ait été changé dans les propositions et dans leurs démonstrations mêmes, cette nouvelle exposition s’écartait trop çà et là de l’ancienne pour qu’il fût possible de l’y intercaler. Mais ce léger dommage, que chacun d’ailleurs peut réparer s’il le veut, en rapprochant les deux éditions[ndt 1], est compensé, je l’espère, par une clarté beaucoup plus grande. J’ai remarqué avec un plaisir reconnaissant, dans divers écrits récemment publiés (soit à l’occasion de l’examen de certains livres, soit à titre de traités spéciaux), que si la mode de simuler le génie par la liberté de la pensée avait quelque temps étouffé en Allemagne l’esprit de profondeur, cet esprit n’y était point mort, et que les épines qui couvrent les sentiers de la critique n’ont nullement empêché les esprits courageux et avides de clarté de s’engager dans une voie qui conduit à une science de la raison pure, scolastique il est vrai, mais durable à ce titre même, et

  1. C’est précisément ce que j’ai fait dans cette traduction. J. B.