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CRITIQUE DE LA RAISON PURE


elle-même. Mais ce défaut lui doit être moins imputé qu’à la façon de penser dogmatique de son siècle, et, à cet égard, les philosophes, ses contemporains ou ses devanciers, n’ont rien à se reprocher les uns aux autres. Ceux qui rejettent sa méthode et, du même coup, celle de la critique de la raison pure, ne peuvent avoir d’autre but que de se débarrasser des liens de la science, et de convertir le travail en jeu, la certitude en opinion, la philosophie en philodoxie.

Pour ce qui est de cette seconde édition, je n’ai pas voulu, comme de juste, négliger l’occasion qu’elle m’offrait de faire disparaître, autant que possible, les difficultés et les obscurités qui, peut-être bien par ma faute, ont pu donner lieu à certains malentendus dans l’appréciation que des hommes pénétrants ont faite de ce livre. Je n’ai rien trouvé à changer dans les propositions mêmes et dans leurs preuves, non plus que dans la forme et dans l’ensemble du plan ; ce qui s’explique en partie par le long examen auquel j’avais soumis mon œuvre avant de la livrer au public, en partie par la nature même du sujet, c’est-à-dire par la nature d’une raison pure spéculative qui renferme un véritable organisme, où ainsi tout est organe, c’est-à-dire où tout existe pour chaque chose en particulier et chaque chose pour toutes les autres, et où, par conséquent, il n’y a pas de vice si léger, soit erreur ou omission, qui ne se trahisse inévitablement dans l’usage. Ce système conservera désormais, je l’espère, cette invariable fixité. Ce qui me donne cette confiance, ce n’est point une vaine présomption, mais l’évidence que produit en fin de compte l’expérimentation de l’uniformité du résultat, soit qu’on s’élève des derniers éléments à l’ensemble de la raison pure, ou qu’on redes-