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PRÉFACE DE LA SECONDE ÉDITION


son pure procédant dogmatiquement sans avoir soumis sa propre puissance à une critique préalable. Il ne s’agit donc pas ici de plaider la cause de cette stérilité verbeuse qui se décore du nom de popularité, non plus que celle du scepticisme, qui condamne toute la métaphysique sans l’entendre. La critique est, au contraire, la préparation indispensable qu’exige l’établissement d’une solide métaphysique qui veut mériter le nom de science, et qui, pour en être digne, doit être nécessairement traitée d’une manière dogmatique, avec un caractère systématique qui satisfasse les plus sévères exigences, et, par conséquent, sous une forme scolastique (et non populaire)[ndt 1] ; car ce sont là des conditions auxquelles cette science ne saurait échapper, puisqu’elle s’engage à accomplir son œuvre tout à fait à priori et, par conséquent, à l’entière satisfaction de la raison spéculative. Dans l’exécution du plan tracé par la critique, c’est-à-dire dans le système futur de la métaphysique, nous suivrons un jour la méthode sévère de l’illustre Wolf, le plus grand de tous les dogmatiques, qui, le premier, montra comment, en établissant régulièrement les principes, en déterminant clairement les concepts, en n’admettant que des démonstrations rigoureuses, en évitant les sauts téméraires dans les conséquences, on entre dans les voies sûres de la science (c’est par cet exemple qu’il a créé en Allemagne cet esprit de profondeur[ndt 2] qui n’est pas encore éteint). Il était supérieurement fait pour donner à la métaphysique le caractère d’une véritable science, s’il avait eu l’idée de préparer le terrain par la critique de l’instrument, c’est-à-dire de la raison pure

  1. Schulgerecht (nicht populär) ausgeführt werden musz.
  2. Geist der Gründlichkeit.