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sence des exemples (qui ne pourront être employés que plus tard).

B

De l’usage logique de la raison

On fait une distinction entre ce qui est immédiatement connu et ce que nous ne faisons que conclure. Que dans une figure limitée par trois lignes droites, il y ait trois angles, c’est là une connaissance immédiate ; mais que ces angles ensemble soient égaux à deux droits, ce n’est qu’une conclusion. Mais, comme nous avons continuellement besoin de conclure, et que cela devient en nous une habitude, nous unissons par ne plus remarquer cette distinction ; et, ainsi qu’il arrive dans ce qu’on appelle les illusions des sens, nous tenons souvent pour quelque chose d’immédiatement perçu ce qui n’est que conclu. Toute conclusion suppose une proposition qui sert de principe, une autre[ndt 1], qui est tirée de la première, et enfin celle[ndt 2] par laquelle la vérité de la dernière est indissolublement liée à la vérité de la première. Si le jugement conclu est déjà renfermé dans le premier, de telle sorte qu’il puisse en être tiré sans l’intermédiaire d’une troisième idée, la conclusion se nomme alors immédiate (consequentia immediata)[ndt 3] ; j’aimerais mieux

  1. Die Folgerung.
  2. Schlussfolge (Consequenz). La distinction faite par Kant entre cette expression et la précédente est intraduisible en français. On ne saurait la rendre par les mots conclusion et conséquence, qui sont tout à fait synonymes. J. B.
  3. Pour accorder ceci avec ce qui précède, il faut consulter la Logique de Kant (§ 44). Il y remarque que les conclusions immédiates supposent bien elles-mêmes un jugement intermédiaire, mais que ce jugement est une proposition tautologique. J. B.