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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR


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S’il s’agissait ici d’une œuvre littéraire, je pourrais dire que cette traduction de la Critique de la raison pure a rempli le précepte d’Horace : Nonumque prematur in annum. Elle a reposé plus de neuf ans dans mes cartons ; elle était déjà entièrement terminée quand j’ai quitté Paris pour venir enseigner à Genève. Les cours dont j’ai été chargé dans cette cité, soit à l’Académie, soit à l’Hôtel de Ville, la rédaction et l’impression de plusieurs de ces cours, d’autres occupations dont il est inutile de parler ici, m’en ont fait ajourner jusqu’à présent la publication. Elle n’a sans doute rien gagné à cet ajournement, mais elle n’a pas du moins laissé passer son heure : Kant est de ceux qui peuvent attendre.

Je ne voulais pas non plus la publier sans y joindre, comme je l’ai fait pour mes précédentes traductions, une introduction étendue. Il ne suffit pas en effet, pour faire connaître Kant, de le traduire littéralement ; il est nécessaire aussi d’exposer ses idées sous une forme à la fois plus concise et plus claire. Je pouvais d’autant moins me dispenser ici de ce travail qu’il s’agit de son principal ouvrage et de l’un des plus importants monuments de la philosophie moderne ; mais c’est là une de ces tâches qui ne peuvent pas s’improviser. La voici enfin accomplie : l’introduction que je place en tête de ma traduction offre à ceux qui veulent étudier la Critique de la raison pure,