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ANALYSE DE LA CRITIQUE


cendentale. Ainsi est tracé et circonscrit le champ particulier de la raison pure. Reste à savoir quels fruits nous sommes en droit d’y recueillir. C’est ce que va nous apprendre le deuxième livre de la dialectique.

Des raisonnements dialectiques de la raison pure.

Il y a certaines espèces de raisonnements au moyen desquelles nous concluons de quelque chose que nous connaissons à quelque autre chose dont nous ne saurions avoir aucune connaissance et à quoi nous attribuons pourtant de la réalité objective par l’effet d’une inévitable apparence (t. II, p. 1-2). Kant les appelle pour cette raison des raisonnements dialectiques, et il désigne sous le nom de sophismes de la raison pure les conclusions qui en résultent. Ce n’est pas que ces raisonnements aient rien de factice ou d’accidentel : ils dérivent au contraire de la nature même de la raison humaine, et le plus sage de tous les hommes ne saurait s’en affranchir ; mais l’illusion qu’ils produisent n’en est pas moins une sorte de jeu sophistique de la raison.

Première classe : paralogismes de la raison pure.

La première classe des raisonnements dialectiques (il y en a autant que d’idées transcendentales), est celle qui du concept transcendental du sujet, concept qui ne renferme point de diversité, conclut à l’absolue unité de ce sujet lui-même. Kant donne à cette sorte de conclusion dialectique le nom de paralogisme transcendental. J’indiquerai plus tard, à mesure qu’elles se présenteront à nous, les noms par lesquels il désigne les deux autres classes. Occupons-nous tout de suite de celle que l’analyse nous offre en premier lieu.

Critique de la psychologie rationnelle.

Nous nous trouvons ici en face des prétentions d’une psychologie purement rationnelle, qui, sans rien emprunter à l’expérience, veut tirer de cet unique texte : je pense, considéré comme la condition générale de tout concept empirique ou transcendental, la science entière de l’être pensant qu’on appelle le moi ou l’âme.

Cette science, qui ne doit contenir que des prédicats transcendent aux (puisque le moindre prédicat empirique en altérerait la pureté rationnelle) est renfermée dans les quatre propositions suivantes, qui toutes se déduisent de la proposition fondamentale je pense, et correspondent aux quatre catégories de la modalité, de la qualité, de la quantité et de la relation : 1° l’âme est une substance ; 2° elle est simple ; 3° elle est numériquement identique, c’est-à-dire qu’elle est toujours une seule et même âme dans