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ANALYSE DE LA CRITIQUE

La critique indique le remède à ce double inconvénient et par suite au discrédit qui en est résulté, en distinguant nettement, d’une part, les éléments à priori de la connaissance de ses éléments à posteriori ; et d’autre part, la connaissance philosophique de la connaissance mathématique. La sphère de la métaphysique est maintenant parfaitement déterminée.

Il y a d’abord une première division à y établir, suivant qu’elle est simplement le système des concepts et des principes se rapportant à des objets en général, ou qu’elle se rapporte à l’ensemble des objets donnés, en un mot à la nature. Dans le premier cas, elle s’appelle ontologie. Dans le second, elle peut être désignée sous le nom de physiologie rationnelle, et elle se subdivise alors en physique rationnelle et psychologie rationnelle, suivant qu’elle se rapporte à la nature corporelle, objet des sens externes, ou à la nature pensante, objet du sens intime.

Ce n’est pas tout encore : comme à son tour la nature ou l’ensemble des objets de l’expérience peut être considéré suivant une liaison de ces objets qui dépasse toute expérience possible, et que cette liaison peut être tirée de la conception même de l’univers, ou être rattachée à celle d’un être élevé au-dessus de l’univers, ou aura ainsi d’une part la cosmologie rationnelle, et de l’autre, la théologie rationnelle.

Ainsi 1° ontologie, 2° physiologie rationnelle (comprenant la physique rationnelle et la psychologie rationnelle), 3° cosmologie rationnelle, 4° théologie rationnelle ; telles sont les quatre parties principales dont se compose tout le système de la métaphysique.

Mais, peut-on demander, comment est-il possible de connaître la nature des choses par des principes à priori, et d’arriver ainsi à une physiologie rationnelle ? La réponse à cette question est contenue dans toute la critique de la raison pure. Kant se borne ici à faire remarquer que, dans cette science métaphysique, on ne doit prendre de l’expérience que tout juste ce qui est nécessaire pour avoir un objet, et, cet objet une fois donné, faire abstraction de tout principe empirique qui pourrait servir k porter un jugement sur sa nature.

Une autre question se présente : « où se placera désormais, demande Kant (p. 403), la psychologie empirique, qui a toujours eu jusqu’ici sa place dans la métaphysique, et dont, de notre