l’une à l’autre. On voit clairement, pour ces deux propositions, non seulement qu’elles sont nécessaires et qu’elles ont, par conséquent, leur origine a priori, mais aussi qu’elles sont des propositions synthétiques. Car, dans le concept de la matière, je ne pense pas la permanence, mais simplement la présence de cette matière dans, l’espace par le fait qu’elle le remplit (durch die Erfüllung desselben). Ainsi, je dépasse réellement le concept de la matière pour y ajouter quelque chose a priori que je ne pensais pas en lui. La proposition n’est donc pas analytique, mais synthétique, et cependant pensée a priori ; il en est de même des autres propositions dans la partie pure de la physique.
3) Dans la Métaphysique, voudrait-on même ne la regarder que comme une science simplement ébauchée (versuchte) jusqu’ici, mais que la nature de la raison humaine rend cependant indispensable, il doit y avoir des connaissances synthétiques a priori. Son œuvre ne consiste pas du tout, pour cette raison, simplement à décomposer les concepts que nous nous faisons a priori des choses, ni, par suite, à les expliquer analytiquement ; nous voulons, au contraire, étendre notre connaissance a priori, et pour y arriver nous devons nous servir de principes capables d’ajouter au concept donné quelque chose qui n’y était pas contenu, et nous élever par des jugements synthétiques a priori si loin que l’expérience même ne puisse nous suivre, par exemple dans la proposition : le monde doit avoir un premier commencement, etc. Ainsi, du moins quant à son but, la Métaphysique se compose de manifestes propositions synthétiques a priori.
On gagne déjà beaucoup à pouvoir faire rentrer une foule de recherches sous la formule d’un problème unique ; car non seulement on se facilite par là son propre travail, en le déterminant avec précision, mais on rend encore plus aisé à tous ceux qui veulent l’examiner, de juger si nous avons ou non suffisamment rempli notre dessein. Or, le vrai (eigentliche) problème de la raison pure tient dans cette question : Comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ?
Si la Métaphysique est restée jusqu’ici dans un état si chancelant d’incertitude et de contradiction, il faut en attribuer