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critique de la raison pure

scolastique mais, en tant que telle, seule durable et par là absolument nécessaire, n’ont pas découragé les esprits vaillants et clairs qui les ont suivis. À ces hommes distingués, qui, à la sûreté de vue, allient si heureusement encore le talent d’une claire exposition (dont je ne me sens pas capable), je laisse le soin de mettre la dernière main à mon œuvre pour corriger ce qu’elle peut encore avoir par endroits de défectueux. Je ne cours pas, en effet, dans ce cas, le danger d’être contredit, mais bien celui de n’être pas compris. De mon côté, je ne puis pas, dès maintenant, m’engager dans toutes les discussions que pourra soulever mon livre, mais je ferai soigneusement attention à tous les signes que pourront me faire des amis ou des adversaires, pour les utiliser dans l’exécution future du système que je construirai sur cette propédeutique.

    condition de sa possibilité, ce qui est ici le cas. Si à la conscience intellectuelle de mon existence dans la représentation : je suis, qui accompagne tous mes jugements et tous les actes de mon entendement, je pouvais joindre en même temps une détermination de mon existence par l’intuition intellectuelle, alors la conscience d’un rapport à quelque chose existant en dehors de moi, n’appartiendrait pas nécessairement à cette détermination. Or, cette conscience intellectuelle précède sans doute, mais l’intuition intérieure, dans laquelle seule mon existence peut être déterminée, est sensible et liée à la condition du temps ; et cette détermination, — par conséquent aussi l’expérience interne elle-même, — dépend de quelque chose de permanent qui n’est pas en moi et qui par suite ne peut être que hors de moi et avec quoi je dois me considérer comme en relations. Ainsi la réalité du sens externe est nécessairement liée à celle du sens interne pour la possibilité d’une expérience en général, c’est-à-dire que j’ai tout aussi sûrement conscience qu’il y a hors de moi des choses qui se rapportent à mon sens que j’ai conscience d’exister moi-même dans le temps. Mais quant à savoir à quelles intuitions données correspondent réellement des objets (Objecte) extérieurs à moi et qui, par conséquent, appartiennent au sens externe auxquels ils doivent être attribués et non à l’imagination, c’est ce qu’il faut décider, dans chaque cas particulier, suivant les règles qui servent à distinguer une expérience en général (même l’expérience interne) d’une imagination : le principe reste toujours qu’il y a réellement une expérience extérieure. On peut encore ajouter ici la remarque suivante : la représentation de quelque chose de permanent dans l’existence n’est pas identique à la représentation permanente, car celle-ci peut être très changeante et très variable, comme toutes nos représentations, même celles de la matière, et cependant elles se rapportent à quelque chose de permanent qui doit donc être une chose distincte de toutes mes représentations et extérieure à moi et dont l’existence est nécessairement comprise dans la détermination de ma propre existence et ne constitue avec elle qu’une seule expérience qui n’aurait jamais lieu intérieurement, si elle n’était pas en même temps extérieure (en partie). Quant au comment, nous ne pouvons pas plus l’expliquer ici que nous ne pouvons expliquer comment nous concevons en général ce qui subsiste dans le temps et dont la simultanéité avec ce qui change produit le concept de changement.