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478 L’IDÉAL DE LA RAISON PURE traire, d’opérer la détermination complète suivant des règles a priori ; aussi conçoit-elle un objet qui doit être complète- ment déterminable suivant des principes, bien que les con- ditions suffisantes manquent à cet égard dans l’expérience et que le concept même en soit, par conséquent, transcendant. DEUXIEME SECTION De l’Idéal transcendantal. (Prototypon transscendentale.) Tout concept, par rapport à ce qui n’est pas contenu en lui, est indéterminé et soumis à ce principe de la déterminabilité (Bestimmbarkeit) : que de deux prédicats contradictoirement opposés un seul peut lui convenir, principe qui repose sur le principe de contradiction, et qui par conséquent est un prin- cipe simplement logique faisant abstraction de tout le contenu de la connaissance pour n’en considérer que la forme logique. Mais toute chose, quant à sa possibilité, est soumise encore au principe de la détermination complète, suivant lequel, de tous les prédicats possibles des choses, en tant qu’ils sont comparés à leurs contraires, un seul doit lui convenir. Cela ne repose pas simplement sur le principe de contradiction ; car, outre le rapport de deux prédicats contradictoires, on consi- dère encore chaque chose dans son rapport avec la possibilité entière conçue comme l’ensemble de tous les prédicats des choses en général ;, et en supposant cette possibilité comme condition a priori, on représente chaque chose comme si elle dérivait sa propre possibilité de la part qui lui revient dans cette possibilité totale *. Le principe de la détermination com- plète concerne donc le contenu et non pas simplement la forme logique. Il est le principe de la synthèse de tous les prédicats qui doivent constituer le concept intégral d’une chose et non pas simplement celui de la représentation ana-

  • Par ce principe toute chose est donc rapportée à un corrélatif com-

mun, je veux dire à la possibilité totale, qui (étant la matière de tous les prédicats possibles), du fait qu’elle se trouverait dans l’idée d’une seule chose, devrait prouver une affinité de tout le possible par l’iden- tité du principe de sa détermination complète. La déterminabilité de tout concept est soumise à l’UNIVERSALITE (universalitas) du principe qui exclut tout milieu entre deux prédicats opposés, mais la détermination d’une chose est soumise à la TOTALITÉ (universitas) ou à l’ensemble de tous les prédicats possibles.